Mathilde Bonvin – responsable esg oddo bhf banque privée

COP30 en Amazonie : la transition n’est pas un long fleuve tranquille

La COP30, qui s’est tenue à Belém, au cœur de l’Amazonie brésilienne, s’achève dans un sentiment mêlé de progrès minimaliste et de fractures profondes. Les deux semaines de négociations auront toutefois démontré une chose : malgré les tensions géopolitiques, le multilatéralisme climatique reste bel et bien vivant. Près de 200 pays ont réussi à adopter un accord final – le texte du “Mutirão”, compromis global rassemblant les dossiers les plus sensibles.

L’événement envoie plusieurs signaux importants : la transition bas-carbone est désormais considérée comme “irréversible”, l’adaptation au changement climatique monte en puissance, mais l’absence de feuille de route sur les fossiles laisse planer une incertitude stratégique sur la vitesse réelle de décarbonation mondiale.

  1. Un accord dans le sens de l’histoire, mais sans accélération franche

    Le Mutirão souligne que la transition vers une économie à faibles émissions et résiliente est “la tendance du futur”, et réaffirme que l’Accord de Paris “fonctionne, mais doit aller plus loin et plus vite”. Les pays réitèrent leur engagement à tout faire pour limiter le réchauffement à 1,5°C et combler les écarts d’adaptation.
    Pourtant, l’accord ne va pas jusqu’à ce que beaucoup considéraient comme le test ultime : une trajectoire claire de sortie des énergies fossiles. Malgré le soutien d’environ 80 pays, aucune feuille de route de transition énergétique mondiale n’a été adoptée. Les divergences entre États – notamment la ligne dure des pays pétroliers comme l’Arabie Saoudite – ont bloqué toute mention explicite d’un calendrier.

  2. Adaptation : le grand retour d’un thème longtemps négligé

    Si l’atténuation du changement climatique patine, le thème de l’adaptation est le grand gagnant de cette COP. Les pays adoptent un objectif mondial sur l’adaptation, accompagné d’environ 60 indicateurs de suivi. Surtout, ils s’accordent pour tripler les financements d’adaptation d’ici 2035.

    Ce calendrier reste plus tardif que ce que demandaient les pays en première ligne, mais constitue un engagement politique notable. Pour les investisseurs, cela signale une future hausse des besoins – et potentiellement des opportunités – dans les infrastructures résilientes, les systèmes d’alerte, la gestion de l’eau ou l’assurance climatique.

  3. Des fissures géopolitiques plus visibles que jamais

    La COP30 a révélé une fragmentation préoccupante. L’absence des États-Unis, après la décision du président Donald Trump de retirer le pays des accords climatiques, a laissé un vide diplomatique. Les tensions liées au commerce mondial ont également été un sujet important, avec un affrontement entre les pays « en développement » (principalement la Chine) et l’UE (avec son marché de crédits carbone et sa réglementation sur la déforestation).
    Résultat : une négociation où les divergences sur les responsabilités financières et la transition énergétique se sont cristallisées. Certains observateurs estiment que le texte final évite surtout un recul, sans marquer de véritable avancée.

    Hôte de cette COP symbolique – 10 ans après l’Accord de Paris – le Brésil a cherché à se positionner en facilitateur. Le gouvernement a annoncé deux initiatives nationales contre la déforestation et pour une transition énergétique progressive, destinées à alimenter les discussions jusqu’à COP31.

  4. Pour les investisseurs : une transition est irréversible mais chaotique

    La conclusion de la COP30 ne résout pas le débat central sur les fossiles, et n’offre pas de signal clair au marché sur la vitesse de sortie du carbone. Toutefois, elle réaffirme que la transition se poursuit, qu’elle est irréversible, et que l’adaptation devient un pilier d’investissement majeur.
    L’absence de leadership global crée un environnement incertain, mais aussi un espace où les marchés, les entreprises et les investisseurs peuvent accélérer là où les États peinent à s’entendre.
    Dans un monde où les négociations avancent à petits pas, le capital patient et orienté long terme reste plus que jamais une force de transformation.

Sources :

• Marc Lavaud, Postview COP30 : pas de grand message ambitieux, mais de multiples petites avancées à retenir, ODDO BHF Securities
Outcomes of the Belém Climate Change Conference – Advance Unedited Versions (AUVs),
• Carbon Brief, COP30: Key outcomes agreed at the UN climate talks in Belém
• Bloomberg, What to Know About the COP30 Climate Deal


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