Mathilde Bonvin – Responsable ESG ODDO BHF Banque Privée
Que retenir du Rapport sur la transition vers la neutralité carbone du gouvernement français ?
La Direction générale du Trésor a publié en janvier 2025 une étude sur les enjeux économiques de la transition vers la neutralité carbone. Riche de 260 pages d’analyse, ce rapport étudie les grands enjeux économiques de la transition vers la neutralité carbone pour l’économie française, en croisant les dimensions macroéconomique et sectorielle, et en intégrant les enjeux pour les entreprises, le marché du travail, le commerce extérieur, les ménages et les finances publiques.
Nous avons relevé les éléments suivants :
- Des effets positifs de l’atténuation
A long terme, les politiques d’atténuation du changement climatique (pour en limiter les effets) induisent des bénéfices par rapport à un scénario d’inaction, c’est-à-dire une situation où l’on ne prend aucune mesure pour lutter contre le changement climatique. Parmi les effets positifs, nous comptons notamment (1) l’évitement des effets délétères du changement climatique (par exemple les inondations, sécheresses), (2) des gains de productivité qui peuvent être générés grâce à des technologies bas carbone et (3) le bien-être et la santé seraient améliorés.
- Marchés de carbone : donner un prix au carbone constitue un outil puissant
En effet, la tarification carbone est positivement corrélée à une plus faible intensité carbone du PIB. La littérature économique démontre qu’attribuer un prix au carbone (via la fiscalité ou des systèmes de quotas d’émission échangeables) permet de déclencher les actions de décarbonation les plus efficaces et encourage l’innovation bas-carbone par les entreprises, cruciale pour la productivité future.
- Impact négatif (mais maîtrisable) sur le solde public
D’abord, des dépenses d’Etat s’annoncent supplémentaires pour financer les investissements dans le cadre des politiques de transition. Sur le plan des recettes, la sortie progressive hors des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) s’accompagnent de moins de fiscalité, ces secteurs étant l’objet de taxes spécifiques comme l’essence par exemple. Cependant, l’impact resterait limité sur le ratio d’endettement de la France car le secteur privé pourrait prendre sa part dans le financement de la transition.
- La finance privée, une alliée nécessaire aux politiques climatiques
La transition implique d’importants investissements, dont le financement devra être partagé entre secteurs public et privé. Le rapport souligne que la prise en compte limitée des externalités négatives et la sous-évaluation des risques de transition par le secteur financier sont des obstacles au financement de la transition par le secteur privé. Les nouvelles obligations de transparence apportées par la réglementation Européenne devraient permettre de faire converger les entreprises et institutions financières vers des modèles en faveur de la transition. Ces nouvelles obligations de transparence permettront aussi la production de données robustes et comparables entre toutes les entreprises de l’UE.
Il est toutefois rappelé dans le rapport que les coûts de la décarbonation demeurent très inférieurs à ceux de l’inaction climatique. Les épisodes extrêmes tels que les inondations vers Valence en Espagne de novembre 2024 ont conduit à la mise en place d’un plan de 11 milliards d’euros par le gouvernement, tandis que la Banque d’Espagne estime que le secteur financier est exposé à hauteur de 20 milliards d’euros d’encours de crédit suite à ces évènements.
Source : Rapport final – Les enjeux économiques de la transition vers la neutralité carbone, 27 janvier 2025, https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2025/01/27/rapport-final-les-enjeux-economiques-de-la-transition-vers-la-neutralite-carbone
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